Définition
Les Valeurs Limites d’Exposition Professionnelles (VLEP) sont des valeurs destinées à protéger les travailleurs exposés à des substances chimiques, d’éventuelles pathologies d’origine professionnelle. Elles sont construites pour permettre la surveillance des atmosphères de travail dans un but de prévention. Elles diffèrent des VTR en cela qu’elles ne protègent pas forcément d’effets considérés comme non graves ou réversibles (exemple d’une irritation), du fait de la possibilité de mettre en œuvre des moyens de protection collectifs ou individuels. De plus, elles ne sont construites que pour la voie respiratoire et que pour des effets à seuil de dose (voir section « définition »).
Néanmoins leur principe de construction est le même que pour les VTR : analyse de la littérature, choix d’une étude, d’une dose critique et application de facteurs d’incertitude. Ces derniers, appliqués lors de l’extrapolation aux faibles doses, sont par contre différents car les populations concernées sont considérées comme plus spécifiques que la population générale (pas d’enfants ni de personnes âgées).
Les VLEP sont construites par l’Anses, puis proposées à la Direction Générale du Travail. Une concertation a ensuite lieu entre les différentes parties prenantes (ministères, syndicats, entreprises, etc) ; elle a pour but de prendre en compte la faisabilité et le coût économique de la VLEP proposée. Suite à cette concertation, c’est au ministère du travail que revient la décision d’appliquer ou non la VLEP.
Ces valeurs limites de concentrations dans l’air sont associées à un temps d’exposition déterminé. Deux types de valeurs sont recommandés pour une substance considérée :
- une Valeur Limite d’Exposition professionnelle (VLEP) : elle vise à protéger à moyen et long terme la santé des travailleurs exposés régulièrement à un agent chimique, pendant la durée d’une vie de travail et, en général, au cours d’une journée de travail de 8 heures.
- une Valeur Limite d’exposition à Court Terme (VLCT) : elle vise à protéger des effets dus à des pics d’exposition, c’est-à-dire sur une durée de 15 minutes. Elle prévient les effets toxiques immédiats ou à court terme (ex : irritation).
La VLEP peut être dépassée sur de courtes périodes, à condition de ne pas dépasser la VLCT.
Les deux types de valeurs sont exprimés selon des unités de mesure variables selon qu’il s’agit de gaz, de vapeurs, d’aérosol liquide ou solide ou de matériaux fibreux. Ces concentrations sont exprimées : en mg/m3 et en ppm pour les gaz et les vapeurs ; en mg/m3 uniquement pour les aérosols liquides et solides ; en f/cm3 (fibres par centimètres cube) pour les matériaux fibreux.
Réglementation
Certaines valeurs sont réglementairement contraignantes et fixées par décret (ex : amiante, benzène, plomb) ; pour quelques 400 produits chimiques, elles sont indicatives et fixées par arrêté. Plusieurs centaines de valeurs indicatives publiées entre 1982 et 1996 dans des circulaires ministérielles seront progressivement remplacées par des valeurs limites indicatives ou contraignantes (directive européenne 2006/15/CE).
Chaque entreprise doit maîtriser les expositions des salariés à des substances chimiques, en vérifiant que les VLEP ne sont pas dépassées. Ce contrôle est règlementé : pour les agents chimiques classés CMR* et soumis à une valeur limite contraignante, l’employeur doit faire appel, au moins une fois par an, à un organisme agréé. Un tel contrôle peut entraîner un arrêt temporaire de l’activité (décret n° 2007-1404 du 28 septembre 2007). Le système des agréments est cependant en cours de réforme et, pour le moment, aucun organisme n’a été agréé pour le contrôle de nombreuses VLEP contraignantes.
Des recommandations sont émises à propos des méthodes de mesure des niveaux d’exposition sur le lieu de travail. Ces méthodes (évaluées norme AFNOR EN 482) sont classées en deux catégories :
- catégorie 1 : méthodes entièrement validées. Ce sont celles préférées pour les contrôles d’exposition se référant à des VLEP contraignantes.
- catégorie 2 : méthodes indicatives. Ce sont celles recommandées pour les contrôles en référence à des VLEP indicatives, si celles de catégorie 1 sont absentes.
Evolutions récentes
L’Anses (anciennement Afsset) propose des substances chimiques à expertiser de façon prioritaire au ministère chargé du travail qui élabore le programme des travaux d’expertise relatives aux VLEP. En 2008, des propositions de VLEP ont été faites pour 4 substances : le formaldéhyde, le toluène, le 2-butoxyéthanol et l’acétate de 2-butoxyéthyle, et plusieurs autres ont été publiées depuis (dichlorométhane, fibres céramiques réfractaires, fibres d’amiante, styrène, etc).
Le tableau ci-dessous en présente quelques unes :
Quelques substances et leurs valeurs limites d’expositions professionnelles
Substances |
VLEP – 8 heures |
VLCT – 15 minutes |
Benzène
|
3,25 mg/m3 |
– |
Chlorure de vinyle |
2,59 mg/m3 |
– |
Fibres d’amiante |
100 fibres/litre* |
Inférieure ou égale à 5 x VLEP |
Formaldéhyde |
0,25 mg/m3 |
0,5 mg/m3 |
Source : site internet de l’Anses
* En novembre 2011, le gouvernement recommande, comme l’avait fait l’Afsset en 2009, l’abaissement de la VLEP à l’amiante de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre.