Les rayonnements non ionisants : champs électromagnétiques
Voir la fiche Champs électromagnétiques.
Téléphones mobiles
Le lien entre tumeurs cérébrales et champs électromagnétiques a notamment été évoqué pour les radiofréquences (RF) émises par les téléphones portables. L’existence d’un excès de risque de tumeur cérébrale liée à l’exposition aux ondes émises par les téléphones mobiles est actuellement fortement débattue. Lors de l’utilisation de ces téléphones, les ondes émises sont en effet proches du cerveau. Les résultats des études disponibles ne sont pas toujours concordants, mais des éléments récents sont aujourd’hui disponibles :
- En 2009, la méta-analyse d’Ahlbohm (Ahlbom, 2009) conclut à l’absence d’augmentation du risque de tumeur cérébrale (toutes localisations confondues) chez des utilisateurs de téléphones mobiles sur environ dix ans.
- En 2000, le CIRC a lancé l’étude INTERPHONE : il s’agit d’une étude cas-témoin internationale visant à quantifier le lien entre l’utilisation de téléphones portables et l’apparition de gliomes, de méningiomes, de tumeurs du nerf acoustique et de la glande parotide. Selon les premiers résultats de l’étude (Interphone, 2010), les données ne permettent pas de démontrer une augmentation du risque de tumeur cérébrale chez les utilisateurs de téléphones portables depuis au moins dix ans.
- En octobre 2009, l’Afsset (aujourd’hui Anses) a publié une mise à jour d’expertise collective sur les RF (AFSSET, 2009). Elle conclut qu’il n’y a à ce jour pas de preuve de l’augmentation du risque de tumeur cérébrale lié à l’utilisation de téléphone mobile.
- Des interrogations persistent sur les effets à long terme de l’utilisation des téléphones mobiles, bien qu’aucun effet biologique ne soutienne cette hypothèse.
En mai 2011, le CIRC a classé les RF comme cancérogènes possibles (groupe 2B) pour l’homme, sur la base d’un risque accru de gliome. Il note aussi que des recherches complémentaires doivent être menées sur l’utilisation intensive à long terme du téléphone portable.
Appareils électriques
Certains appareils électroménagers tels que fers à friser, sèche-cheveux, rasoirs, couvertures électriques, fours à micro-ondes, ordinateur, télévision, etc., sont générateurs de champs électromagnétiques (radiofréquences). Aucune étude ne permet de conclure sur le rôle de ces appareils dans l’apparition de tumeurs cérébrales, compte tenu de la difficulté à mesurer l’exposition (Inserm, 2010).
Champs extrêmement basse fréquence : lignes électriques
L’exposition aux champs électromagnétiques d’extrêmement basse fréquence induits par les lignes électriques a été étudiée, en particulier dans l’environnement professionnel (OMS, 2007). Les employés des transports ferroviaires, ainsi que ceux des entreprises de production d’électricité sont en effet régulièrement exposés à des champs électromagnétiques. Quelques études suggèrent une tendance à l’augmentation du risque de tumeur cérébrale chez les sujets exposés par rapport aux non exposés, mais ces associations ne sont pas statistiquement significatives, c’est-à-dire qu’on ne peut pas donner de conclusion sur le lien entre l’exposition aux champs électromagnétiques de lignes électriques et l’apparition de tumeurs cérébrales (AFSSET, 2010 ; Floderus, 1994 ; Kheifets, 1999).
En 2002, le CIRC a classé le champ magnétique d’extrêmement basse fréquence comme cancérogène possible pour l’homme (groupe 2B), en raison de résultats d’études épidémiologiques montrant une association entre ce type de champs et les leucémies infantiles, mais pas avec les tumeurs du cerveau (CIRC, 2002).
Les pesticides
Diverses études s’intéressent aux liens entre l’exposition de la population générale (provenant principalement de l’environnement et de l’alimentation) ou professionnelle aux pesticides et l’apparition de tumeurs cérébrales.
Tumeurs de l’adulte
Plusieurs études ont étudié l’association entre exposition professionnelle aux pesticides et apparition de tumeurs cérébrales chez l’adulte. L’exposition professionnelle aux pesticides concerne en France entre 1 et 2 millions de personnes (recensement agricole, 2000). Il s’agit de la population agricole, des ouvriers de l’industrie des pesticides, des employés de chemin de fer au contact d’herbicides, etc.
Compte tenu de la diversité de la nature, des quantités et des modalités d’utilisation des pesticides, les difficultés méthodologiques de ces études sont nombreuses. Bien que plusieurs études suggèrent une augmentation du risque de tumeurs cérébrales chez les agriculteurs exposés aux pesticides (Khuder, 1998 ; Musicco, 1988 ; Provost, 2007), il est aujourd’hui impossible de conclure de manière définitive sur le rôle des pesticides dans l’apparition de tumeurs cérébrales (Inserm, 2008 ; Lee, 2004 ; Lee, 2004 ; Schlehofer, 2005).
En France, l’étude AGRICAN, lancée en 2005, vise à étudier de manière prospective le lien entre exposition aux pesticides et l’apparition de cancers (GRECAN, 2009).
Pour en savoir plus sur les pesticides et le risque de cancer, voir la fiche pesticides.
Tumeurs de l’enfant
Chez l’enfant, des études ont investigué l’association entre expositions parentales aux pesticides avant la naissance et risque de tumeur cérébrale de l’enfant. L’association avec l’exposition de la mère aux pesticides pendant la grossesse n’apparait pas statistiquement significative. Quant à l’exposition du père en période prénatale, de nombreuses études ont trouvé tendance positive mais non significative avec l’apparition d’une tumeur cérébrale chez l’enfant (Inserm, 2008) : ces résultats doivent donc être affinés par d’autres études.
Les composés nitrés
Les nitrates et nitrites sont employés comme additifs alimentaires en tant que conservateurs, pour donner du goût, et comme colorants. La principale source d’exposition de l’homme à ces composés est l’alimentation et l’eau de boisson. On en trouve également dans le tabac.
Tumeurs de l’adulte
Le CIRC a classé le N-nitrosodiéthylamine et le N-nitrosodiméthylamine dans le groupe des cancérogènes probables pour l’homme (groupe 2A). Etant donné que ces composés ont le pouvoir de traverser la barrière hémato-encéphalique, la question de leur rôle dans l’éventuelle apparition de tumeurs cérébrales se pose. Cependant, aucune association entre la consommation de charcuterie et la survenue de tumeur cérébrale n’a été mise en évidence chez l’adulte. Quant au rôle des composés nitrés présents dans le tabac, la plupart des études réalisées ne permettent pas de mettre en évidence d’élévation du risque de tumeurs cérébrales spécifiquement due au tabac chez les fumeurs (Inserm, 2008).
Tumeurs de l’enfant
L’alimentation de la mère pendant la grossesse a été suspectée dans l’apparition de tumeur cérébrale chez l’enfant, puisque plusieurs composés nitrés passent la barrière placentaire. Quelques études ont tenté de caractériser ce lien, mais avec des résultats divergents, notamment du fait que les vitamines C et E également présentes dans l’alimentation contrebalancent l’effet des dérivés nitrés. Il est donc difficile à ce jour de conclure quant à l’association entre alimentation de la mère pendant la grossesse et apparition de tumeur cérébrale chez l’enfant. Le rôle du tabagisme maternel pendant la grossesse a également été étudié, mais l’association avec l’apparition de tumeurs cérébrales de l’enfant n’a pas été mise en évidence (Inserm, 2008).
Exposition professionnelle aux dérivés nitrés
Les glioblastomes font l’objet d’un tableau de maladie professionnelle (N°85) en lien avec une exposition à l’une ou l’autre des substances chimiques suivantes : N-méthyl N’nitro N-nitrosoguanidine (MNNG) ; N-éthyl N’nitro N-nitrosoguanidine ; N-Méthyl-N-nitriso-urée (NMU); N-éthyl N-nitrosourée (ENU).
Les activités professionnelles susceptibles de provoquer cette maladie concernent la fabrication et le conditionnement de ces substances ou bien leur utilisation en laboratoire de génie génétique, biologie cellulaire, recherche en mutagenèse ou en cancérologie (INRS, 2011).
Métaux lourds : plomb et mercure
Ce type d’exposition a surtout été étudié chez l’adulte en milieu professionnel. Les conclusions des études menées sont différentes en termes de force d’association (dans certaines études, l’association est plus nettement démontrée que dans d’autres), mais dans la plupart, l’exposition professionnelle au plomb ou au mercure est associée à une augmentation de l’apparition de certaines tumeurs cérébrales (Schlehofer, 2005 ; Navas-Acien, 2002).
Le virus SV40
Le virus SV40 est un virus oncogène. Il a été utilisé dans la préparation du vaccin contre la poliomyélite dont il a contaminé 10 à 30% des lots utilisés aux Etats-Unis entre 1955 et 1962. Le lien entre l’apparition de tumeurs cérébrales et le fait d’avoir été vacciné durant cette période a été étudié, et aucune étude épidémiologique n’a montré d’augmentation des cas de tumeur cérébrale chez les sujets vaccinés (Inserm, 2008). Aucune étude n’est cependant actuellement assez solide pour confirmer le rôle du SV40 dans l’apparition de tumeurs cérébrales.
L’association entre tumeur cérébrale de l’enfant et vaccination de la mère avant 1963 pendant la grossesse a également été étudiée, mais la puissance de l’étude (nombre de patients) n’a pas permis de confirmer ce lien (Engells, 2004).