Population générale
Les sources nombreuses et variées des HAP sont à l’origine d’une présence assez importante dans l’environnement, à la fois dans les eaux (surtout dans les sédiments et les matières en suspension), dans les sols et dans l’air ambiant.
D’après une étude canadienne, les incendies de forêt et les volcans émettent une grande quantité de HAP dans l’air ambiant (47%), puis viennent certains procédés industriels (30%), le chauffage urbain (11%) les brûlages agricoles (8%), les transports (gaz d’échappement automobiles) (4%), les feux domestiques et la fumée de cigarette (HAP, rapport d’évaluation du gouvernement canadien, 1994). Les rejets d’hydrocarbures pétroliers dans les eaux sont également une source de pollution importante, et sont responsables de la contamination des organismes marins ou d’eau douce (Afssa, 2003).
Pour un non fumeur, l’alimentation est la principale voie d’exposition aux HAP. La contamination des aliments peut se faire par le dépôt de particules aériennes sur les végétaux, accumulation dans les espèces animales (viandes, poissons), ou lors de la préparation des aliments au charbon de bois. Les HAP présents dans l’eau de boisson représenteraient 1% de l’apport alimentaire total en HAP (Afssa, 2000). La deuxième voie d’exposition de l’homme aux HAP est l’inhalation dans l’air ambiant (intérieur ou extérieur).
Par ingestion
L’Autorité européenne de sécurité des aliments considère huit HAP cancérogènes lorsqu’ils sont présents dans les denrées alimentaires (EFSA, 2008). C’est le cas du B[a]P et du dibenzo[a,h]anthracène.
Concernant le B[a]P, des études conduites dans différents pays européens ont estimé que l’ingestion quotidienne moyenne de variait de 50 à 290 ng/adulte (Scientific committee on food, 2002).
Les catégories d’aliments dans lesquelles on retrouve le plus de HAP sont les céréales et produits à base de céréales, ainsi que les produits de la mer et dérivés. De même, l’utilisation d’huiles et de graisses végétales et la consommation de café expose la population aux HAP.
Enfin, les modes de cuisson tels que les grillades, le rôtissage, le fumage et notamment la préparation d’aliments grillés ou rôtis au charbon de bois, peuvent augmenter la concentration de HAP dans les aliments préparés (EFSA, 2008). Pour les fumeurs, la consommation de tabac peut également être significative.
Dans le domaine de l’eau, on répertorie cinq substances : le benzo[a]pyrène, le benzo[b]fluoranthène, le benzo[ghi]pérylène, le benzo[k]fluoranthène et l’indéno[1,2,3-cd]pyrène. S’y ajoutent trois autres considérées séparément : l’anthracène (dangereuse prioritaire), le naphtalène et le fluoranthène.
Par inhalation
La majorité des HAP respirés provient de la fumée du tabac. Un fumeur consommant 20 cigarettes par jour absorbe quotidiennement en moyenne 105 ng de B[a]P et une personne exposée au tabagisme passif 40 ng (EFSA, 2008).
A l’extérieur, les concentrations de HAP sont très variables : les gaz d’échappement émis par les voitures, majoritairement les diesels représentent la source principale d’exposition aux HAP. A plus petite échelle, les gaines de câblages ainsi que l’abrasion des pneus peuvent dégager de faibles quantités de HAP. Ainsi, les émissions de B[a]P sont en moyenne de 0.2 ng/m3 en milieu rural. Dans les villes, elles varient de 1 à 10 ng/m3, les valeurs les plus élevées se situant au voisinage des voies à fort trafic et d’émissions industrielles.
Dans l’air intérieur, les composés les plus fréquemment détectés sont le phénanthrène, le fluoranthène, le pyrène et le chrysène. Les poêles qui fonctionnent mal ont tendance à augmenter le taux de HAP d’une pièce.
Produits contenant des HAP
On trouve beaucoup de HAP dans les goudrons issus de la houille et les produits qu’ils traitent (asphalte, plaques bitumées, colorants organiques…). Les HAP d’origine fossile rentrent également dans la composition des huiles de dilution, qui sont mélangées aux caoutchoucs utilisés dans la fabrication des pneus, par exemple.
Ci-dessous sont présentées les concentrations en benzo[a]pyrène de divers produits, en milligramme par kilogramme (mg/kg) (ordre de grandeur) (INRS, 2009) :
- Brai de houille : 10 000 mg/kg
- Goudron de houille : 7 500 mg/kg
- Huille de houille : 300 mg/kg
- Créosote : 100 mg/kg
- Huile de vidange usée : 5 mg/kg
- Goudron de bois : 4 mg/kg
- Bitume de pétrole : 1 mg/kg
- Fuel domestique : 0,5 mg/kg
- Graisse : 0,5 mg/kg
La peau peut absorber des HAP lorsqu’elle se trouve en contact direct avec des produits contenant des poussières de HAP, ou au contact de matériaux en contenant tels que le bois créosoté, des chaussures en caoutchouc ou des outils ayant un manche gainé (OFSP, 2008).
L’ensemble de ces produits sont l eplus souvent présents dans les lieux professionnels.
Exposition professionnelle aux HAP
L’exposition professionnelle aux HAP concernerait près de 1,6 millions de salariés en France (Ministère de l’emploi, 2005) plaçant les HAP en tête des composés responsables de cancers professionnels.
Les principales industries émettrices de quantités importantes d’HAP sont caractérisées par des procédés utilisant des produits dérivés de la houille : goudron et brai de houille. Ces industries sont les suivantes :
- Cokeries produisant du coke à partir de distillation de la houille
- Sidérurgie par l’utilisation du coke
- Production d’électrodes en carbone à partir du brai
- Electrolyse de l’aluminium et production de silicium principalement par l’utilisation d’électrodes composées de brai de houille, mais également de pâte de brai nécessaire à la réfection des fours.
- Imprégnation du bois avec l’utilisation de créosote
- Aciérie
Les niveaux d’HAP sont beaucoup plus faibles dans les secteurs utilisant des produits dérivés du pétrole tels que la fabrication de pneus à travers l’utilisation de noir de carbone entrant dans la fabrication du caoutchouc, les industries pétrochimiques et industries du bitume et goudron, et la mécanique avec l’utilisation d’huiles et de graisses.
Plusieurs cancers potentiellement liés aux HAP sont listés dans des tableaux de maladies professionnelles. Seuls certains secteurs d’activités ou modalités d’exposition correspondent à ces tableaux (utilisation de dérivés de la houille, suie de combustion du charbon, certains dérivés pétroliers et leurs produits de combustion).
Des tableaux de maladies professionnelles se rapportent à des produits incluant des HAP. Il s’agit des tableaux 16 bis et 36 bis du Régime général qui ont fait l’objet d’une mise à jour par un décret de janvier 2009. Le 16 bis permet la reconnaissance pour certains travaux exposant à la houille et au charbon de trois cancers : le carcinome de la peau, le cancer broncho-pulmonaire et les tumeurs des voies urinaires (vessie, voies excrétrices supérieures), sous réserve d’une exposition de 10 ans. Le tableau 36 bis fournit quant à lui, la liste limitative des travaux susceptibles de provoquer le carcinome de la peau, sous réserve d’une exposition minimale de 10 ans.
L’Inserm estime que le risque du cancer du poumon lié à une exposition professionnelle aux HAP est 2 à 3 fois plus élevé que celui de l’exposition environnementale à ces substances, durant la vie entière (Inserm, 2008).
Tableau : Classification par le CIRC et l’UE de plusieurs HAP, ou préparations et secteurs d’activités émettant des HAP
|
CIRC |
Union Européenne |
HAP |
|
|
Benzo[a]pyrène 2B 2 |
1 |
2 |
Dibenzo[a,h]anthracène |
2A |
2 |
Benzo[a]anthracène |
2B |
2 |
Benzo[e]pyrène |
2B |
2 |
Benzo[b]fluoranthène |
2B |
2 |
Benzo[j]fluoranthène |
2B |
2 |
Benzo[k]fluoranthène |
2B |
2 |
Chrysène |
2B |
2 |
Indéno[1,2,3,c,d]pyrène |
2B |
nc |
Naphtalène |
2B |
nc |
Produits et secteurs d’activité |
Goudron et brai de houille |
1 |
1 |
Huiles minérales |
1 |
1 |
Suies |
1 |
|
Fumée de tabac |
1 |
|
Cokerie, aluminium |
1 |
1 |
Gazéification du charbon |
1 |
1 |
Fonderie de fer et d’acier |
1 |
|
Créosote |
2A |
|
Emissions diesel |
2A |
2 |
Raffinage du pétrole |
2A |
|
Extrait noir de charbon |
2B |
|
Emissions essence |
2B |
|
Nc : non communiqué