Parabènes

Le saviez-vous ?

Les principales sources d'exposition aux parabènes sont les cosmétiques, les médicaments et l'alimentation.

Les parabènes sont suspectés d'être des perturbateurs endocriniens.

Compte-tenu des données scientifiques existantes, il n'existe pas d'évaluation de la cancérogénicité des parabènes par le CIRC.

Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de déterminer de lien causal entre l'exposition aux parabènes et la survenue de cancers chez l'Homme, que ce soit des cancers du sein comme cela a pu être supposé dans certains médias, ou d'autres cancers.

La recherche scientifique sur les effets sanitaires de ces composées est en cours de développement.

La réglementation en termes de restriction des parabènes est en cours d'évaluation.

Présentation

Un parabène est un conservateur (antimicrobien et antifongique) essentiellement utilisé dans les cosmétiques et, de façon plus marginale, dans les médicaments et certains aliments comme additifs alimentaires (identifiés sur les étiquettes par E214 jusqu’à E219).

Les parabènes les plus utilisés sont :

  • le propylparabène (E216 et E217) et le butylparabène, dits « à chaine longue » ;
  • le méthylparabène (E218 et E219) et l’éthylparabène (E214 et E215) dits « à chaine courte ».
  • Où trouve-t-on les parabènes?

    Dans les cosmétiques

    Les parabènes sont utilisés pour la conservation de produits cosmétiques tels que :
    autobronzants, déodorants, produits d’hygiène buccodentaire, produits capillaires, produits de soin pour bébé, maquillage, soins pour la peau, produits de rasage et épilatoire, vernis à ongles, gels hydroalcooliques.
    L’utilisation des parabènes dans les cosmétiques relève de leur efficacité antimicrobienne (même à de très faibles doses) et de leur caractère non toxique, en particulier en ce qui concerne les effets sensibilisants (réactions allergiques) (Académie de pharmacie, 2013).

    Dans certains médicaments

    L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) ex-Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, a identifié une liste de 400 médicaments contenant des parabènes dont 306 contiennent du propylparabène. Cette liste n’est pas accessible au grand public.
    Le propylparabène est le principal parabène utilisé dans les médicaments. Les parabènes permettent d’éviter une dégradation du médicament.
    Comme les bénéfices engendrés par la prise de médicaments sont supérieurs (à court terme) aux risques potentiels de l’exposition aux parabènes, ces substances continuent à être utilisées pour la conservation des médicaments à des concentrations très faibles.

    Dans les aliments

    Les parabènes notamment le méthylparabène, existent à l’état naturel à de faibles concentrations dans les aliments (mûres, orge, fraise, cassis, vanille, carotte ou oignon), ou dans leurs dérivés (jus de raisin…).
    L’industrie alimentaire utilise les parabènes comme conservateurs pour de nombreux produits, tels que les sauces salades, sauces épicées, pâtisseries, moutardes, œufs de poisson, conserves de poisson, crèmes, gelées, produits lactés surgelés, jus de fruits, mayonnaises, sirops, viandes hachées, jambons…

    Dans d’autres produits industriels

    Les parabènes sont fréquemment présents dans :

    • les vernis, colles, adhésifs et cirages ;
    • les conservateurs des produits du tabac ;
    • certains produits ménagers (lessives).
  • Exposition de l'homme aux parabènes

    Les principales voies d’exposition aux parabènes sont la voie cutanée (ex : produits cosmétiques ….) et la voie alimentaire (ex : les médicaments, certains aliments…..). L’exposition aux parabènes par inhalation peut se produire lors de consommation de tabac mais également lors d’émissions de vapeurs de certains produits tels que les vernis, les colles…..

    Expositions professionnelles

    L’exposition professionnelle aux cosmétiques touche de nombreux métiers par l’intermédiaire des savons, nettoyants cutanés et crèmes. Les métiers les plus exposés sont les coiffeuses et les esthéticiennes mais également le personnel soignant. Chez les professionnels des industries de production de produits cosmétiques ou de shampooings il est observé des atteintes cutanées (ex : eczémas de contact allergènes) (INRS, 2006).

    La littérature scientifique ne renseigne que très peu sur les expositions aux parabènes. En 2013, l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) a demandé à ce que des études épidémiologiques soient développées sur l’exposition professionnelle à certains perturbateurs endocriniens dont les parabènes.

  • Parabènes et santé chez l'homme

    Parabènes, perturbateurs endocriniens

    Les parabènes sont suspectés de perturber le système endocrinien en mimant les propriétés de certaines hormones, notamment par l’activation des récepteurs aux œstrogènes, d’où l’interrogation de leurs effets sur la fertilité et le risque de cancers hormono-dépendants (cancer du sein).
    Des études réalisées chez l’animal (rongeurs) ont rapporté des effets sur l’appareil reproducteur mâle et femelle, sur la production et la qualité des spermatozoïdes et quelquefois sur la fertilité. En 2011, une étude réalisée chez l’homme ne montrait pas d’association entre les concentrations de parabènes urinaires et les taux d’hormones ou la qualité du sperme. Cependant cette étude présente de nombreuses limites : la variabilité intra-individuelle de l’exposition, une taille d’échantillon faible (Meeker, 2011).
    Les études épidémiologiques disponibles à ce jour sont encore trop peu nombreuses pour permettre de conclure sur l’impact des parabènes sur la santé chez l’homme.

    Les parabènes sont également suspectés être un facteur prédicteur de l’obésité chez l’enfant. En septembre 2014, une étude coordonnée par l’Université de Grenoble et l’équipe d’épidémiologie environnementale de l’Inserm, a suivi 520 couples mère-fils français, pendant la grossesse et jusqu’aux 3 ans de l’enfant de la cohorte EDEN, (Philippat, 2014) ; cette étude a montré que 95 % des femmes avait été exposées à des parabènes et du triclosan (biocide utilisé dans certains savons, dentifrices…) au cours de la grossesse. Il a été observé que les concentrations urinaires de parabènes (méthylparabènes, propylparabène, butylparabène, éthylparabène) chez la femme enceinte étaient associées à un poids plus élevé à la naissance et aux 3 ans de l’enfant.

    D’autres études ont montré qu’une prise de poids rapide dans les premières années de vie pourrait être associée à un risque d’obésité plus important plus tard dans la vie. L’exposition prénatale aux parabènes pourrait alors se traduire par une probabilité plus forte d’être en surpoids à l’âge adulte. Néanmoins, ces résultats doivent être confirmés par d’autres études épidémiologiques.

    Effet toxique reconnus par l’ANSM : le risque d’allergies cutanées

    Le seul effet toxique sur la santé humaine lié à une exposition aux parabènes et reconnu par l’ANSM (2011) est le risque d’allergies cutanées lors d’application locale ou d’allergies suite à une ingestion (phénomène rare).

  • Parabènes et cancers

    Les parabènes subissent une transformation rapide dans l’organisme : la plupart des molécules de parabènes libres et conjuguées sont retrouvées dans les urines.
    Toutefois, des parabènes ont pu être retrouvés dans les tissus mammaires de l’Homme sans pouvoir en déterminer l’origine (Dabre, 2004 ; Rapport de l’assemblée Nationale, 2011 ; Académie de Pharmacie, 2013). Une étude a pu mettre en évidence la présence de parabènes sur des tissus mammaires sains ainsi que sur des biopsies de tumeurs mammaires chez l’Homme (Barr, 2012). Mais les études scientifiques actuelles ne permettent pas de mettre en évidence un lien de causalité entre l’exposition aux parabènes, leur présence dans les tissus et le développement de cancers du sein (Académie de pharmacie, 2013). De plus, ces études ont été critiquées par la communauté scientifique en raison de différentes limites méthodologiques. Des hypothèses sont actuellement en cours de confirmation concernant la présence des parabènes dans ces tissus.

    Depuis ces études, les effets cancérogènes des parabènes sont controversés, notamment par le manque de données scientifiques chez l’Homme et d’effets mis en évidence dans les études expérimentales chez l’animal (Andersen, 2008).

    Autres effets suggérés des parabènes

    Dès juin 2004, l’AFSSAPS (aujourd’hui ANSM), en collaboration avec l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments, devenue depuis l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – Anses) et l’InVS (Institut de Veille Sanitaire), ont engagé une évaluation de la sécurité d’utilisation des parabènes et mis en place un groupe d’experts. Sur la base de l’analyse des données de la littérature et des données de pharmacovigilance, ce groupe a considéré que les parabènes étaient peu toxiques et bien tolérés, bien que des réactions allergiques puissent survenir chez certaines personnes.

    Des études ont cependant établi que ces conservateurs pourraient être à l’origine d’une perturbation, jugée faible, du système endocrinien (Rapport de l’assemblée Nationale, 2011). L’ANSM a néanmoins considérée que les données toxicologiques et épidémiologiques existantes actuellement ne permettaient pas de caractériser ni de quantifier le risque qui pourrait être associé à la perturbation endocrinienne.

    A ce jour, il n’existe pas de valeur toxicologique de référence (VTR) pour les parabènes en France et en Europe. La seule valeur de référence retrouvée provient d’un avis d’expert de l’OMS et la FAO (Food and Agriculture Organisation) en 2007 (« Food Additives Series n°58 »). Ce groupe d’experts avait recommandé une dose journalière acceptable (par ingestion) de maximum 10 mg de parabènes / kg de poids corporel / jour. Le propylparabène n’est pas concerné par cette valeur car des effets sur des cellules reproductrices animales ont été observés en dessous de cette concentration.

  • Réglementation

    A ce jour, il n’y a pas de réglementation applicable à la France qui interdise l’utilisation des parabènes.

    En France, une proposition de loi a été adoptée en première lecture par l’assemblée nationale le 3 mai 2011. Depuis, la procédure de vote de la loi n’a pas avancé. Cette loi présentait un article unique : « La fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols sont interdites. ». D’après les discussions des parlementaires et des connaissances scientifiques de l’époque, nous pouvons considérer que cette loi avait été proposée (pour les parabènes) à titre préventif. Aussi, l’interdiction totale des tous ces produits dans leur globalité semble poser problème à plusieurs niveaux (scientifique comme industriel). Si le débat est relancé, cet article unique risque fortement d’être modifié.

    L’Anses rappelle qu’il est important de ne pas considérer tous les parabènes comme une seule et même molécule. Il faut en effet identifier, parmi tous les parabènes, les substances les plus préoccupantes ainsi que leurs usages et les effets des produits de substitution existants.

    Au niveau européen, la réglementation encadre l’utilisation des parabènes dans les cosmétiques : leur concentration maximale ne doit pas dépasser 0,4 % pour un parabène seul et 0,8 % lorsque plusieurs sont utilisés.

    Ceci a été transposé en droit français dans les articles L. 5131-1 et suivants du code de la santé publique.
    En 2010, 2011 et 2013, le comité scientifique de la commission européenne soulignait la nécessité de produire plus de données concernant l’utilisation des parabènes (en général) dans les cosmétiques et leurs possibles effets sur la reproduction de l’Homme. Toutefois, pour les parabènes les plus utilisés, les conclusions étaient les suivantes :

    • le méthylparabène et l’éthylparabène sont sans danger lorsqu’ils sont utilisés à leur concentration maximale autorisée (voir ci-dessus) ;
    • le butylparabène et le propylparabène sont sans danger si la somme de leurs concentrations individuelles ne dépasse pas 0.19%.

    Le règlement européen n°358/2014 de la commission du 9 avril 2014 a modifié la réglementation sur les cosmétiques en interdisant cinq parabènes : isopropylparabène ; isobutylparabène ; phenylparabène ; benzylparabène et pentylparabène. Ces derniers ne font pas partie des parabènes les plus utilisés dans l’industrie cosmétique, les médicaments ou l’alimentation.

    Le règlement n°1004/2014 de la commission du 18 septembre 2014 a baissé les seuils de concentration des butyl- et propyl- parabènes dans les cosmétiques. Dorénavant, la somme du butylparabène, du propylparabène et de leurs sels ne devra pas dépasser 0,14%.

  • Evolutions récentes

    Les parabènes toujours autorisés à être utilisés par l’Union Européenne font actuellement l’objet d’une évaluation par cette dernière visant à les identifier comme “substances très préoccupantes” et les ajouter à la liste des substances soumises à “une autorisation provisoire et restrictive” dans l’attente de produits de substitution.

    Le 29 avril 2014, dans le cadre de l’annonce du plan de lutte contre les perturbateurs endocriniens à l’Assemblée nationale, en accord avec la stratégie nationale, Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie et du Développement Durable et de l’Energie a chargé l’Anses d’évaluer les parabènes en termes d’effets sur la santé.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses, Comité Scientifique de la Commission Européenne, Assemblée Nationale.

Relecture : Claire Philippat, Inserm U823, Université de Grenoble

Mise à jour le 22 août. 2022

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