PBDE
Le seul retardateur de flamme évalué par le CIRC est le déca-BDE. Il est classé dans la catégorie 3 – agent inclassable par manque de données scientifiques chez l’Homme et insuffisantes ou limitées chez l’animal – depuis 1990 (CIRC, Monographie Vol. 48 et 71). Toutefois, il a été classé comme cancérigène possible par l’US-EPA en 1986 sur la base de données chez l’animal pour une exposition par voie orale uniquement. En 2010, l’EPA a classé le décaBDE comme possiblement cancérigène pour l’homme (classe C) du fait d’une augmentation significative du nombre de nodules hépatiques néoplasiques trouvés chez le rat et du nombre des carcinomes ou adénomes hépatocellulaires combinés chez les souris mâles (US EPA 2010).
L’EFSA (2011) cite aussi certaines études montrant une augmentation des tumeurs du foie chez des souris et rats mais seulement lorsqu’ils sont exposés à de fortes doses supérieures à 1200 mg/kg/jour de PBDE.
Autres effets des PBDE
De nombreuses expériences sur des rongeurs ont montré que diverses doses de PBDE perturbent l’homéostasie thyroïdienne dans le sérum et le plasma des animaux exposés pendant la période utérine ou néonatale. Cependant, peu de données humaines existent.
Chez l’animal, une sensibilité plus grande est observée chez le fœtus et le nouveau-
né avec l’apparition d’effets neurologiques à l’âge adulte (altération du comportement, hyperactivité,…) (Afssa, 2006 ; US-EPA, 2008 ; EFSA, 2011).
Des études épidémiologiques ont montré que les enfants de mères ayant une charge plus élevée de PBDE pendant la grossesse, avaient un risque plus élevé de déficits du QI et des troubles d’apprentissage tardivement dans la vie (Eskenazi, 2013).
Bien que les résultats chez les animaux et les humains ne soient pas toujours parfaitement cohérents, une forte tendance indique que l’exposition aux PBDE peut affecter le développement neurologique.
L’EFSA (2011) et l’Afssa (2006) citent aussi des effets sur la thyroïde, le foie, le rein et sur les organes reproducteurs. Certaines études épidémiologiques confirment le lien entre PBDE et les effets thyroïdiens (EFSA, 2011).
De nombreuses altérations hormonales ont été rapportées concernant certains PBDE et la thyroïde. Des effets indirects résultant de modifications hormonales thyroïdiennes pourraient avoir un impact certain sur les fonctions de reproduction, et plus particulièrement sur le déroulement de la maturation sexuelle, sur le développement de l’embryon et sur l’activité neurocomportementale des nouveau-nés. Ils affectent aussi le développement cognitif des jeunes enfants, avec une chute de QI.
Les résultats de la plupart des études épidémiologiques sur l’homéostasie thyroïdienne suggèrent une association entre l’exposition aux PBDE et une modification de la régulation de fonction thyroïdienne (Kim, 2014). Plusieurs données convergent pour estimer que les PBDE sont des perturbateurs endocriniens potentiels (Afssa, 2006).
HBCDD
D’après la commission européenne (2008), il n’y a pas de données scientifiques indiquant que le HBCDD pourrait être cancérigène.
L’HBCD semble être aussi puissant que les PBDE dans l’induction d’effets neurotoxiques au cours du développement chez la souris. L’Ineris (2012) et l’EFSA (2011) rapportent des études animales où le HBCDD est toxique pour le foie, la thyroïde, l’hypophyse, le système immunitaire et pour la reproduction.
Le HBCDD ne fait toutefois pas partie de la stratégie communautaire européenne sur les perturbateurs endocriniens.
TBBPA
Il n’y a pas de données épidémiologiques disponibles chez l’Homme sur les effets sanitaires du TBBPA que ce soit pour une exposition aiguë ou chronique. Chez l’animal, plusieurs études ont rapporté une toxicité du TBBPA pour les organismes aquatiques. Chez les larves de xénope (Xenopus tropicalis), le TBBPA induit rapidement des malformations des yeux et de la queue des embryons et les voies d’action de ce composé semblent impliquer l’axe thyroïdien (Shi, 2010).
la plupart des études ne montrent pas d’effets particuliers, à part sur la thyroïde (EFSSA, 2011).
Aucune donnée sur la cancérogénicité de ce produit n’a pu être identifiée. Il a été constaté que le TBBPA n’est pas génotoxique dans des études in vitro.
PBB dont l’HexaBB et le DecaBB
Ces derniers produits massivement dans les années 70, ont été interdits du marché européen et plus produits à partir de 2000, suite à de nombreuses études démontrant leur toxicité.
Les données scientifiques existantes chez l’Hommes sont jugées insuffisantes. L’EFSA (2011) et l’ATSDR (2004), rapportent que certaines études mettent en évidence une augmentation du cancer du foie chez le rat exposé aux PBB (comme pour les PBDE), avec un mécanisme d’action non génotoxique. Le cancer du foie est l’effet critique retenu par l’EFSA pour évaluer les risques de l’exposition aux PBB pour la population générale (voir partie suivante).
D’autres effets toxiques sur le foie, la thyroïde, le système nerveux et le système immunitaire ont été rapportés lors d’études animales (EFSA, 2011 ; ATSDR, 2004).
On ne sait pas avec certitude si les PBB peuvent être cancérogène chez l’Homme, mais chez les souris, des concentrations très élevées de PBB ont des effets cancérigènes. En se basant sur ces observations chez l’animal, le ministère de la Santé et des Services sociaux des États-Unis a déterminé que les PBB peut raisonnablement être classé comme cancérigène. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC) suggère également que les PBB peuvent être cancérigènes pour l’Homme.