Exposition en population générale
Les principales voies d’exposition de la population générale à l’aluminium sont la voie orale (aliments, eau, médicaments), cutanée (cosmétiques, anti-transpirants) et respiratoire (inhalation de poussières). L’absorption de l’aluminium par voie digestive a été évaluée par différentes études et est considérées de l’ordre de 0,1 à 1%. Différents paramètres semblent faire varier la dose absorbée, tels que : l’état de santé de la personne, l’âge, le contenu de l’estomac ou encore la formulation de l’aluminium.
Exposition par voie orale
L’aluminium est présent dans les aliments et l’eau sous différentes formes chimiques qui déterminent sa biodisponibilité et sa toxicité. Toutefois, l’analyse de ces différentes formes chimiques dans les aliments est complexe, c’est pourquoi les mesures portent sur l’aluminium total.
Les aliments
La présence de l’aluminium dans l’environnement fait que tous les aliments d’origine animale et végétale peuvent être une source d’apport. L’alimentation est la principale voie d’exposition, l’estimation de l’apport journalier en aluminium pour un adulte varie de 2,5 à 13 mg/j selon les aliments ingérés (InVS, 2003).
En France, les aliments pour lesquels le risque toxicologique ne peut être écarté, c’est-à-dire avec des taux d’aluminium >1% (>1% ?) pour les adultes et 2% pour les enfants, sont les boissons chaudes hors café et les légumes hors pommes de terre pour les adultes et, les légumes hors pommes de terre, les pâtes, pâtisseries et gâteaux pour les enfants (Anses, 2014, Arnich et al., 2012). Certains aliments ont été identifiés comme contribuant fortement à l’exposition à l’aluminium et pour lesquels un risque ne peut être exclu. Il peut s’agir d’aliments qui ne sont pas nécessairement très contaminés, mais qui sont très consommés (ex : pâtes).
En plus de sa présence naturelle dans certains aliments, l’aluminium peut également se retrouver dans des produits transformés issus de l’industrie agroalimentaire. Les additifs alimentaires à base d’aluminium (comme colorant, antiagglomérant, affermissant, etc.), constituent une voie d’exposition majeure en population générale (Anses, 2004). La présence d’aluminium peut également trouver son origine dans les ustensiles de cuisine en contact avec les aliments ou encore les matériaux d’emballage.
L’eau
De l’aluminium est naturellement présent dans l’eau de par sa forte présence dans l’environnement. De plus, des sels d’aluminium sont utilisés pour le traitement de l’eau mais de nombreux contrôles sanitaires sont effectués afin de vérifier la teneur en aluminium de l’eau et de ne pas dépasser les recommandations. Une base de données SISE-EAUX (Système d’Information en Santé Environnement sur les EAUX), regroupant les résultats de ces analyses, montre que la teneur en aluminium de l’eau ne dépasse pas la valeur réglementaire de 0,2 mg/L, valeur fixée par la DCE (Directive Cadre Eau) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Produits de santé
L’aluminium entre dans la composition de nombreux médicaments tels que les antiacides prescrits pour soulager les brûlures d’estomac. Des études menées afin d’évaluer l’absorption digestive de l’aluminium contenu dans les antiacides (Nauert, 1994 ; Piriou, 1990 Dollinger, 1986 ; Guillard, 1996) ont conclu que l’absorption digestive de l’aluminium était faible.
L’aluminium se retrouve également dans les solutés de nutrition parentérale. Aux Etats-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a proposé de limiter la concentration en aluminium dans les solutés pour nutrition parentérale à 25 μg/L (FDA, 2010). Une réflexion est actuellement en cours pour fixer une valeur limite au niveau européen.
En France, la sécurité de l’aluminium utilisé comme adjuvant dans les vaccins alimente de nombreux débats. Après avoir réalisé une revue critique de la littérature sur l’aluminium dans les vaccins et analysé les bénéfices/risques de l’aluminium comme adjuvant dans les vaccins
le Haut Conseil de la Santé Publique préconise la poursuite des vaccinations en continuant le développement de la recherche sur les adjuvants présents dans les vaccins.
Exposition cutanée
L’aluminium est présent dans les cosmétiques, essentiellement dans les déodorants ou anti-transpirants sous forme de sels d’aluminium, dans les rouge à lèvre sous frome colloïdale ou le dentifrice sous forme de minéraux insolubles. Plus de 25 composés différents contenant de l’aluminium ont été identifiés dans des produits cosmétiques (base des données européenne CosIng (Cosmetic Ingredients and Substances), accessible sur internet (en anglais).
Selon un rapport de la commission européenne de 2014, les études actuellement disponibles concernant l’absorption cutanée de l’aluminium ne remplissent pas les critères de qualité scientifique suffisantes pour aboutir à une conclusion sur cette question. Des études sont donc encore nécessaires afin d’évaluer la biodisponibilité cutanée de l’aluminium.
Cependant, dans son rapport de 2011 concernant l’évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques, l’Afssaps préconise une diminution de la teneur en aluminium dans les cosmétiques et recommande de ne pas utiliser de cosmétiques à base d’aluminium sur une peau lésée ou irritée.
Exposition respiratoire
En population générale, l’inhalation est une voie d’exposition minoritaire du fait de la faible présence d’aluminium dans l’atmosphère.
Exposition professionnelle
La principale voie d’exposition des professionnels à l’aluminium est la voie respiratoire lors de la production de métal dans les fonderies, la production de poudre, ou le travail des métaux avec le soudage.
L’exposition professionnelle à des fumées, poussières ou flocons d’aluminium entraine l’absorption de l’aluminium par inhalation. Une augmentation des taux urinaires d’aluminium a été observée chez des travailleurs exposés à des poussières d’aluminium (Mussi et al., 1984 ; Gitelman et al., 1995) ou des fumées (Mussi et al., 1984 ; Sjêgren et al., 1985) (taux d’absorption non précisé). Une partie des particules contenant de l’aluminium arrive au niveau du tractus respiratoire et est éliminée par clairance mucociliaire vers le tractus digestif (OMS IPCS, 1997). L’élimination de l’aluminium peut également s’effectuer par les voies respiratoires supérieures, entrainant selon certaines études une contamination par l’aluminium de l’épithélium nasal et atteindre le cerveau
Pour les travailleurs de l’industrie de l’aluminium, l’apport quotidien en aluminium pourrait être 3 à 10 fois supérieur à celui d’un non professionnel, si l’on considère la valeur moyenne d’exposition (VME) de 5 mg/m3 établie pour les fumées et poussières inhalées.