Depuis le premier janvier 2005, l’amiante est interdit dans toute l’Union européenne. Mais dans une partie du reste du monde l’amiante n’appartient pas au passé : on continue de l’extraire et on l’utilise de plus en plus dans d’autres parties du monde.
L’extraction de l’amiante dans le monde
La production minière d’amiante est concentrée dans quelques pays. Six pays totalisent aujourd’hui plus de 90% de la production minière d’amiante dans le monde : la Russie, la Chine, le Canada, le Kazakhstan, le Brésil et le Zimbabwe.
Tandis que la production du Brésil et de la Chine n’a connu son essor qu’à la fin du 20ème siècle, les Etats-Unis et la République Sud-africaine ont, quant à eux, considérablement réduit la leur sur leurs propres territoires. Devancé par la Russie et la Chine, le Canada a été le premier producteur mondial jusqu’en 1975.
Le Canada a imposé des restrictions sévères sur l’utilisation de l’amiante au pays, mais jusqu’à la fin de 2011, il a été l’un des plus grands exportateurs au monde d’amiante chrysotile. Actuellement, aucune mine d’amiante n’est en exploitation au Canada.
L’utilisation de l’amiante dans le monde
La réduction drastique de l’utilisation de l’amiante dans les pays industrialisés a provoqué une réorientation globale de son industrie.
En Europe, le marché est pratiquement inexistant à l’exception notable de la Russie. Par contre, dans nombre de pays en voie de développement, l’amiante continue d’être présenté comme une ressource naturelle irremplaçable dont l’utilisation pourrait se faire dans des conditions satisfaisantes de sécurité.
La Fédération de Russie et l’Asie représentent aujourd’hui 85% de la consommation d’amiante. C’est en Chine, en Thaïlande et dans le sous-continent indien que la consommation d’amiante augmente le plus fortement. La gestion des déchets tend également à exporter ses risques vers les pays en voie de développement.
L’évolution du recours à l’amiante et du cadre législatif en Europe
En Europe, l’amiante est interdit dans les 25 pays de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2005 (extraction, transformation, fabrication des produits dérivés).
Parmi les 15 membres européens de l’époque, seuls la Grèce et le Portugal utilisaient encore l’amiante quand l’interdiction a été signée en 1999, la Grèce exploitant alors encore une mine. Plusieurs des 10 nouveaux pays avaient déjà interdit l’amiante durant leur procédure d’adhésion. Des états non membres, comme la Suisse et la Norvège, ont quant à eux interdit depuis longtemps l’amiante.
Les gisements et mines d’amiante en France
Pendant quelques décennies, la France a été un petit producteur d’amiante avec des mines en Corse et en Savoie, dans la vallée de la Maurienne. Les dernières mines ont été fermées dans les années 1980.
La mine de Canari en Haute Corse représentait la quasi-totalité de la production nationale d’amiante avant la fermeture du site en 1965.
La production de Canari passe du stade artisanal à une échelle industrielle à partir de 1939. L’usine produit 6000 tonnes en 1950, 11500 tonnes en 1954 avec la mécanisation et jusqu’à 25500 tonnes en 1962. La mine place alors la France au septième rang des pays producteurs d’amiante et couvre le cinquième des besoins du marché intérieur, le reste étant importé et une partie vendue à l’étranger.
Des gisements non exploités existent dans les Alpes (Savoie et Hautes-Alpes), les Pyrénées (Ariège et Haute-Garonne), le Massif Central (Haute-Loire et Haute-Vienne), en Corse et en Loire-Atlantique.
Les sites contenant de l’amiante représentent en outre 40% de la surface de la Nouvelle-Calédonie, située dans l’océan Pacifique.
Gisements d’amiante, friches industrielles et pollution à l’amiante
Aux gisements naturels éventuellement polluants, s’ajoutent des foyers artificiels de concentration. Ils résultent notamment des enfouissements ou des mises en décharge de matériaux d’amiante à proximité des lieux d’exploitation industrielle de l’amiante.
Une exposition environnementale à l’amiante est présente en Nouvelle-Calédonie et dans le département de la Haute-Corse.
La pollution environnementale en Corse et en Nouvelle-Calédonie
La Haute-Corse a ainsi été confrontée à deux sources de pollution à l’amiante. A la friche industrielle de Canari et ses environs, s’ajoute l’existence de zones d’affleurement naturel de roches amiantifères, du fait de la présence de schistes lustrés plus ou moins proches d’agglomérations. Présents dans le nord-est de l’île, ces schistes sont souvent associés à la serpentinite, roche pouvant contenir de l’amiante.
Plusieurs facteurs favorisent aussi cette exposition environnementale en Nouvelle-Calédonie où l’usage de l’amiante n’a été interdit qu’en 2007.
Travaux routiers et activités liées aux mines de nickel ont contribué à mettre à nu les nombreux affleurements d’amiante de l’Ile. En outre, dans certains villages, on utilise un enduit composé principalement d’amiante (trémolite), appelé « po », pour blanchir les habitations.