Polychlorobiphényles (PCB)

expositions professionnelles

Le saviez-vous ?

Les polychlorobiphényles (PCB) sont des polluants organiques persistants c’est-à-dire des substances qui se désagrègent très peu dans l’environnement et s’accumulent dans différents milieux, et en particulier le sol.

La production et l’utilisation des PCB sont interdites depuis 1987. Des arrêtés préfectoraux réglementent la pêche du fait de la contamination des rivières ou de la mer par les PCB qui se sont fixés dans le temps sur les matières en suspension et les sédiments dans les canaux et les cours d’eau.

L’alimentation constitue la principale source d’exposition aux PCB (90% de l’exposition totale). Les PCB sont surtout présents dans les produits d’origine animale : poissons, viande, œufs, produits laitiers.

En 2013, sur la base d'indications suffisantes de cancérogénicité chez l'homme et chez l'animal, le CIRC a classé les PCBs comme cancérogènes certains pour l'Homme (Groupe 1). De plus les PCBs de type dioxine ont aussi été classés dans le Groupe 1 sur la base de fortes indications d'un mécanisme de cancérogénèse.

Un premier rapport de la cohorte ELFE paru fin 2016 a montré que les niveaux d’imprégnation aux PCBs mesurés dans le volet périnatal sont inférieurs à ceux mesurés dans les études françaises et européennes antérieures mais supérieurs à ceux mesurés aux Etats-Unis et au Canada. Bien que ces résultats ne soient pas représentatifs, une tendance à la diminution de l’imprégnation aux PCB est constatée, corrélée à la mise en place de normes d’émission strictes.

L'un des objectifs du nouveau plan micropolluant 2016-2021 a pour axe l’amélioration la recherche et développement afin d’identifier les micropolluants, dont les PCB, présents dans les eaux et milieux aquatiques, de caractériser le danger associé et d’évaluer les effets sur la santé et la biodiversité. Des fiches actions ont été rédigées pour répondre à cet objectif et être applicable à plus petite échelle (Ministère de l’environnement, 2016).

Présentation

Fabriqués depuis les années 1920, les polychlorobiphényles (PCB) sont une famille de molécules chimiques de synthèse massivement utilisées entre 1930 et 1970 comme lubrifiants (turbines, pompes…) et dans la fabrication de transformateurs électriques et de condensateurs. On les a également utilisés dans certains adhésifs, peintures, huiles… Ils sont aussi connus en France sous le nom de pyralène, nom commercial d’un produit à base de PCB très utilisé autrefois dans les transformateurs électriques.

Les PCBs sont une classe de composés aromatiques comprenant 209 congénères, chacun contenant un à dix atomes de chlore fixés à un noyau biphényle. Les produits techniques de PCB, qui ont été fabriqués de sorte à obtenir un certain niveau de chloration, sont des mélanges de plusieurs congénères de PCB.

Les PCBs (CAS 1336-36-3) se désagrègent très peu : ce sont des polluants organiques persistants (POP). Ils sont difficiles à détruire dans l’environnement. Ils se sont ainsi accumulés dans les sols, notamment à cause des rejets industriels dans les rivières.

  • Exposition de l’Homme aux PCBs

    Population générale

    Les PCB contaminent l’ensemble de la chaine alimentaire jusqu’à l’homme. L’alimentation constitue la principale source d’exposition humaine à ces substances chimiques, soit plus de 90 % de l’exposition totale.

    Les aliments dans lesquels ils sont le plus présents sont d’origine animale. Il s’agit notamment des poissons, du lait et produits laitiers, des œufs et de la viande. Les poissons (d’eau douce et de mer) et les fruits de mer constituent une part importante de l’exposition alimentaire des adultes aux PCBs. Les viandes et le lait peuvent également contenir des traces de PCBs. Les nourrissons peuvent aussi être exposés aux PCB contenus dans le lait maternel.

    Population professionnelle

    Certaines activités professionnelles sont à l’origine d’expositions aux PCBs à concentrations élevées par inhalation ou contact avec la peau. C’est notamment le cas des opérations d’élimination des PCBs, de l’entretien de vieux dispositifs électriques, du transport ou de la manipulation d’objets contaminés.

    Des maladies en lien avec des expositions aux PCBs sont reconnues maladies professionnelles (Tableau 9 : affections provoquées par les dérivés halogénés des hydrocarbures aromatiques). Cette liste d’affections ne comprend pas de pathologies cancéreuses.

  • Toxicité des PCBs

    Cancer

    En 2016, sur la base d’indications suffisantes de cancérogénicité chez l’Homme et chez l’animal, le CIRC a classé les PCBs comme cancérogènes pour l’Homme (Groupe 1). Les PCBs conduisent au développement de mélanome malins. Une association positive a été observée pour la survenue du lymphome non Hodgkinien et le cancer du sein.

    Les PCBs de type dioxine, avec un facteur de toxicité équivalente (TEF) selon l’OMS (PCB-77, PCB-81, PCB-105, PCB-114, PCB-118, PCB-123, PCB-126, PCB-169, PCB-156, PCB-157, PCB-167, PCB-189), sont considérés comme cancérogènes pour l’homme (Groupe 1).

    Autres effets sanitaires chroniques

    Globalement, tous les PCBs peuvent induire la formation d’espèces réactives de l’oxygène, des effets génotoxiques, une suppression immunitaire, une réponse inflammatoire, et des effets endocriniens à différents degrés et par différentes voies.

  • Gestion des risques et règlementation

    Evaluation de l’exposition

    Dans le cadre du plan national d’actions sur les PCB, le ministère chargé de la Santé a demandé, en 2008, à l’Anses, en collaboration avec l’InVS, de réaliser une étude sur l’imprégnation aux PCBs des consommateurs adultes de poissons de rivière, principalement les pêcheurs et les membres de leurs familles.

    Il ressort de ce rapport d’étude scientifique publié en novembre 2011 que :

    • le niveau de consommation de poissons d’eau douce est faible (en moyenne 1 fois/mois chez les pêcheurs amateurs), en particulier pour les poissons fortement bio-accumulateurs de PCBs (environ 2,5 fois/an). Seuls 13% de la population des pêcheurs amateurs de l’étude consomment des poissons fortement bio-accumulateurs plus de deux fois par an.
    • les niveaux d’imprégnations observés chez les participants à l’étude sont similaires à ceux observés dans la population générale. Ils sont inférieurs à ceux de la population française à la fin des années 80 lorsque les PCB ont été interdits.
    • l’étude a aussi mis en évidence que la consommation des poissons fortement bio-accumulateurs était associée à une augmentation de l’imprégnation aux PCBs. Cependant, la consommation actuelle de ces poissons aurait une influence moindre sur l’imprégnation que la consommation passée, compte tenu de la diminution progressive de la contamination en PCBs dans l’environnement.

    En 2011, sur la base des résultats du rapport d’étude scientifique réalisé par l’Anses et l’InVS, l’Anses s’est chargée de déterminer une fréquence de consommation maximale de poissons fortement bio-accumulateurs sans risque sur le long terme et, ainsi, de préciser les recommandations qu’elle avait formulées dans l’avis du 14 juin 2010 relatif à l’évaluation des bénéfices et des risques de la consommation de poissons.

    Au regard de cette nouvelle étude spécifique au risque PCB, l’Anses recommande de limiter les consommations de poissons d’eau douce fortement bio-accumulateurs (anguille, barbeau, brème, carpe, silure) :

    • à 1 fois tous les 2 mois pour les femmes en âge de procréer, enceintes ou allaitantes ainsi que les enfants de moins de 3 ans, les fillettes et les adolescentes,
    • à 2 fois par mois pour le reste de la population

    Ces recommandations ne sont pas applicables aux zones de très forte contamination pour lesquelles des évaluations de risques spécifiques ont été réalisées par l’Agence depuis 2008. Elles ne remettent donc pas en cause les recommandations locales de non consommation. Sur la base des conclusions de cette étude, l’Anses pourra proposer des recommandations complémentaires en 2012 définissant les modalités d’une surveillance dans la durée de la contamination des cours d’eau.

    Interdiction et mesures de décontamination

    La production et l’utilisation des PCB sont interdites depuis 1987. Depuis 2003, un plan national prévoit la décontamination et l’élimination des appareils en contenant, avec échéance à fin 2010 pour l’élimination de ceux recensés et dépassant un seuil de PCB.

    Les restrictions de la pêche

    Des arrêtés préfectoraux règlementent la pêche du fait de la contamination par les PCB, depuis 2005. Les restrictions concernent tous les poissons dans plusieurs rivières (Essonne, Isère, Seine…) ou sont limitées à certaines espèces dans d’autres (lacs Alpins, partie inférieure du Rhône, littoral normand…). Il s’agit d’interdiction de consommation ou de commercialisation, de transport, voire de loisirs. Le suivi des sites les plus contaminés (analyses prévues par le plan national) conduit à assouplir les interdictions ou à en émettre de nouvelles.

  • Evolutions récentes

    La DGCCRF a procédé en 2016 à une enquête visant à surveiller et contrôler la présence de PCB et de dioxines dans les denrées alimentaires. Pour cela, elle a notamment procédé à l’analyse de 45 échantillons alimentaires. Treize échantillons d’aliments pour nourrissons et enfants en bas âge, 12 échantillons d’huiles végétales, 2 échantillons d’huiles de poisson, 9 échantillons de compléments alimentaires et 9échantillons d’épices, de légumes ou d’herbes aromatiques séchés ont été analysés. Tous ces échantillons étaient conformes à la réglementation (DGCCRF, 2017).

    Cette étude de bio-surveillance sera reconduite en 2017.

    La cohorte Elfe (Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance), coordonnée par une unité mixte Inserm-Ined-EFS (UM Elfe), est une cohorte pluridisciplinaire qui a pour objectif de suivre, à intervalles réguliers, plus de 18 000 enfants de leur naissance jusqu’à leurs 20 ans. Ses objectifs principaux est d’évaluer et de mesurer précisément les facteurs qui entrent en jeu dans le développement (facteurs familiaux, sociaux, environnementaux, sanitaires, médicaux ou nutritionnels), et d’observer l’impact des situations vécues de l’enfance à l’âge adulte.

    Un premier rapport paru fin 2016 a montré que les niveaux d’imprégnation aux PCBs mesurés dans le volet périnatal sont inférieurs à ceux mesurés dans les études françaises et européennes antérieures mais supérieurs à ceux mesurés aux Etats-Unis et au Canada. Bien que ces résultats ne soient pas représentatifs, une tendance à la diminution de l’imprégnation aux PCB est constatée, corrélée à la mise en place de normes d’émission strictes (InVS, 2016).

    Le deuxième objectif du nouveau plan micropolluant 2016-2021 a pour axe l’amélioration la recherche et développement afin d’identifier les micropolluants présents dans les eaux et milieux aquatiques, de caractériser le danger associé et d’évaluer les effets sur la santé et la biodiversité. Des fiches actions ont été rédigées pour répondre à cet objectif et être applicable à plus petite échelle (Ministère de l’environnement, 2016).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Mise à jour le 25 août. 2022

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