Evaluation de l’exposition
Dans le cadre du plan national d’actions sur les PCB, le ministère chargé de la Santé a demandé, en 2008, à l’Anses, en collaboration avec l’InVS, de réaliser une étude sur l’imprégnation aux PCBs des consommateurs adultes de poissons de rivière, principalement les pêcheurs et les membres de leurs familles.
Il ressort de ce rapport d’étude scientifique publié en novembre 2011 que :
- le niveau de consommation de poissons d’eau douce est faible (en moyenne 1 fois/mois chez les pêcheurs amateurs), en particulier pour les poissons fortement bio-accumulateurs de PCBs (environ 2,5 fois/an). Seuls 13% de la population des pêcheurs amateurs de l’étude consomment des poissons fortement bio-accumulateurs plus de deux fois par an.
- les niveaux d’imprégnations observés chez les participants à l’étude sont similaires à ceux observés dans la population générale. Ils sont inférieurs à ceux de la population française à la fin des années 80 lorsque les PCB ont été interdits.
- l’étude a aussi mis en évidence que la consommation des poissons fortement bio-accumulateurs était associée à une augmentation de l’imprégnation aux PCBs. Cependant, la consommation actuelle de ces poissons aurait une influence moindre sur l’imprégnation que la consommation passée, compte tenu de la diminution progressive de la contamination en PCBs dans l’environnement.
En 2011, sur la base des résultats du rapport d’étude scientifique réalisé par l’Anses et l’InVS, l’Anses s’est chargée de déterminer une fréquence de consommation maximale de poissons fortement bio-accumulateurs sans risque sur le long terme et, ainsi, de préciser les recommandations qu’elle avait formulées dans l’avis du 14 juin 2010 relatif à l’évaluation des bénéfices et des risques de la consommation de poissons.
Au regard de cette nouvelle étude spécifique au risque PCB, l’Anses recommande de limiter les consommations de poissons d’eau douce fortement bio-accumulateurs (anguille, barbeau, brème, carpe, silure) :
- à 1 fois tous les 2 mois pour les femmes en âge de procréer, enceintes ou allaitantes ainsi que les enfants de moins de 3 ans, les fillettes et les adolescentes,
- à 2 fois par mois pour le reste de la population
Ces recommandations ne sont pas applicables aux zones de très forte contamination pour lesquelles des évaluations de risques spécifiques ont été réalisées par l’Agence depuis 2008. Elles ne remettent donc pas en cause les recommandations locales de non consommation. Sur la base des conclusions de cette étude, l’Anses pourra proposer des recommandations complémentaires en 2012 définissant les modalités d’une surveillance dans la durée de la contamination des cours d’eau.
Interdiction et mesures de décontamination
La production et l’utilisation des PCB sont interdites depuis 1987. Depuis 2003, un plan national prévoit la décontamination et l’élimination des appareils en contenant, avec échéance à fin 2010 pour l’élimination de ceux recensés et dépassant un seuil de PCB.
Les restrictions de la pêche
Des arrêtés préfectoraux règlementent la pêche du fait de la contamination par les PCB, depuis 2005. Les restrictions concernent tous les poissons dans plusieurs rivières (Essonne, Isère, Seine…) ou sont limitées à certaines espèces dans d’autres (lacs Alpins, partie inférieure du Rhône, littoral normand…). Il s’agit d’interdiction de consommation ou de commercialisation, de transport, voire de loisirs. Le suivi des sites les plus contaminés (analyses prévues par le plan national) conduit à assouplir les interdictions ou à en émettre de nouvelles.